Taxe Carbone Sarkozy : verdict ?
Ce sera donc 17 euros la tonne de CO2 pour tous. Soit quelques centimes de plus… Soit 85 euros en moyenne par ménage… L’électricité a donc été exclu et les compensations pour les ménages seront réductions d’impots ou chèques verts selon les cas. Coté entreprises, celles soumises au quota CO2 ne sont pas inquiétés, toutes les autres paieront également 17 euros la tonne de CO2 et auront pour compensation une « suppression » de la taxe professionnel…* 17 euros la tonne de CO2 ?
30 euros aurait été un minimum, réclamé par tout les ecologistes… En choisissant un prix trop bas, l’incitation à réduire sa consommation énergétique sera bien trop faible…
Il réduit de moitié les entrées fiscales, et donc de moitié la valeur du chèque vert (en cas de redistribution total) : la redistribution est donc bien plus faible, et l’injustice alors plus grand
* Electricité exclue
Le chef de l’etat prétend que l’électricité ne produit pas de CO2 ou très peu… Il oublie qu’en excluant l’électricité il y a un risque à favoriser le chauffage électrique, la consommation électrique et donc l’utilisation de productions électriques polluantes (les centrales nucléaires ne pouvant faire face)
Pire il utilise parfaitement la manoeuvre de Ségolène Royal en proposant un « gros chèque » à tout ceux qui achèteront des voitures électriques… oubliant que ces voitures ne sont pas si « neutre » en pollutions (batterie notamment)
* Les compensations
C’est encore le grand flou, notamment pour les « professionnels » dont certains contribuent massivement à la production de CO2…
Côté ménages le flou est également entretenu même si Sarkozy a choisi : réductions d’impots pour les uns, chèques verts pour les autres…
je suis plus que sceptique pour ce qui est de la réduction d’impot , lui préférant un chèque vert pour tous
Ce chèque vert (ou la somme réduite) sera lié à l’importance du ménage et à sa situation géographique (rural ou citadin) : j’en attends de connaitre le « contenu » exact : chèque en blanc ? ou chèque utilisable pour consommer vert ?
Il n’y aura malheureusement aucun critère social même si c’est « un début » : en effet comme je l’avais expliqué précédemment même avec cette solution un ménage peu aisé consomme à priori moins qu’un ménage aisé, il recevra donc dans grande majorité des cas plus « en chèque vert » que ce qu’il paiera le reste de l’année en taxe…
Je n’ose imaginer la valeur de ce chèque, avec une taxe à 34 euros la tonne de CO2 avec critères sociaux et géographiques : une telle mesure, réellement juste, serait un grand pas vers plus de justice social et plus d’écologie
Je reprendrai quelques éléments de cet article à présent :
A 17 euros la tonne de CO2, quel sera l’impact de la taxe carbone sur le quotidien des ménages et des entreprises? Au départ, pas énorme, et c’est toute la faiblesse du dispositif choisi
La taxe pourrait rapporter 4,3 milliards d’euros, dont 2,3 milliards sur les carburants, selon les estimations de l’agence de l’environnement et de l’économie d’énergie (Ademe). Elle devrait coûter en moyenne 85 euros par an et par ménage. Mais cette moyenne cache une grande disparité de situations: un couple vivant dans un appartement de 70 m2 chauffé au gaz paierait moins de 32 euros, tandis qu’un autre vivant dans une maison de 150 m2 chauffée au fioul s’acquitterait de 132 euros de taxe carbone par an. Un particulier parcourant 100km par jour pour se rendre à son travail à bord d’un véhicule consommant 7 litres au 100 pourrait payer 122 euros.
Quelle compensation pour qui?
Il suffit de multiplier par 2 tout les chiffres pour se donner une idée avec 34 euros/tCO2 … Je vous laisse imaginer si on y ajoute quelques critères sociaux…
Dans l’hypothèse d’une compensation forfaitaire de 85 euros pour tous,
toutes les personnes vivant sous le revenu médian (revenu moyen qui se situe à l’exact milieu de l’échelle des richesses) recevraient plus d’argent que la taxe carbone ne leur coûterait, selon les calculs de l’Ademe. Les populations rurales les plus pauvres (deux premiers déciles) également. La classe moyenne rurale perdrait une vingtaine d’euros par an (soit même pas 2euros par mois). Les ruraux les plus favorisés paieraient 89 euros par an, et, en ville, environ 61 euros.
Plus précisément encore, le remboursement touché par tête au titre de la compensation serait en moyenne environ de 34 euros par adulte urbain, 23 euros par jeune urbain, 43 euros par adulte rural, et 28 euros par jeune rural. Un couple avec deux enfants vivant en ville toucherait 112 euros, et 142 euros s’il vit à la campagne.
- En filigrane, les manœuvres politiques
Au plan politique, l’intervention du président de la République s’inscrit dans la perspective des élections régionales de l’année prochaine et l’obligation devant laquelle se trouve la majorité présidentielle d’aller draguer sur les terres écologistes pour se forger une majorité. Les résultats des européennes, les sondages « off » qui circulent convergent pour laisser supposer que ces élections seront d’abord une élection de premier tour. Les trois grandes forces, l’UMP, le PS et le pôle créé à l’occasion d’Europe-Ecologie, sont dans un mouchoir et, avec un tiers des suffrages (en juin dernier, l’UMP n’a rassemblé qu’un peu plus de 10% des inscrits, 27,8% des suffrages exprimés), la droite part de trop loin pour espérer l’emporter. Ses réserves de second tour n’existent pas et ses chances sont donc minces contre la liste qui arrivera en tête entre la gauche et les écologistes.
Du coup, Nicolas Sarkozy en a fait des tonnes pour faire accroire qu’il n’y a pas plus “vert” que lui. Plus responsable et soucieux de préserver la planète. En France, en Europe et dans le monde. «La France est aux avant-postes de la croissance durable», «nous sommes sur la voie de l’exemplarité»; «Dans les années à venir, nous allons consacrer autant d’argent à la recherche en matière d’énergies renouvelables qu’à celle sur le nucléaire», «soit on protège l’environnement, soit on continue de le gâcher»… Le sommet de Copenhague à la fin de l’année donnera l’occasion d’une communication sur le même mode.