Chroniques de Metallah : chapitre 3
Chaque semaine je vous proposerai ici un chapitre d’un bouquin en cours d’écriture/correction .
A vous de faire vos commentaires, propositions, corrections, en espérant que cela vous plaira : plusieurs tomes sont d’hors et déjà programmé.
L’univers de Metallah, que j’ai imaginé, a été utilisé pendant 5 ans pour un jeu de rôle par email dont j’ai été le maitre du jeu.
Le 1er tome se déroule plusieurs siècles avant le « début du jeu » : certains tomes relateront les aventures des principaux acteurs/joueurs de ce jeu…
Chapitre 3 :
« Je suppose qu’il y a des espèces rares dans ce jardin ? demanda le Prince au garde Ghul qui ne répondit pas.
Xiker regarda le garde d’un oeil rempli de mépris et dit : Oui mon Prince, des espèces très exotiques. Sommes nous loin ?
– Non, fit le garde d’une voix faible et grave, nous arriverons dans quelques instants. »
Ils marchèrent silencieusement tandis que Xiker attentif à chaque détail parcourait l’architecture du château. Ils s’enfonçaient de plus en plus profondément à son grand étonnement. Il en profita pour faire remarquer au prince qu’il ne savait toujours pas s’habiller correctement. Le dauphin lui sourit amusé puis reboutonna avec soin son col.
« Le jardin est à l’intérieur du palais ? demanda Ahron intrigué.
– Non, il est derrière, à coté des serres, il donne un peu plus loin sur des marécages, répondit le garde ghul
– Est-il grand ? demanda le prince. J’ai lu qu’il était immense, et qu’après la guerre, la Matriarche l’avait complètement fait refaire
– Personne mis à part la Reine ne le connaît réellement. C’est un labyrinthe dans lequel il ne fait pas bon de se perdre. J’apprécie particulièrement ses plans d’eau si mystérieux. En apparence morts mais se révélant plein de vie quand on y plonge une main. C’est un endroit calme et magnifique. Nous approchons, voici la porte qui mène aux jardins. »
C’était une minuscule porte au fond du corridor où il s’étaient engagés. Le couloir allait en se rétrécissant. Un boyau d’une dizaine de mètres qui menait à une porte en bois noire tout juste assez grande pour y passer. Elle ne portait aucune gravure, lisse et brillante tel un miroir.
« Je vous laisse ici. N’allez pas trop loin! »
Il ouvrit la porte. Le prince et son garde entrèrent, attirés par la beauté apparente de ce jardin. Les deux voyageurs avancèrent vers le plan d’eau qui se trouvait face à eux.
« Ce jardin est incroyable, fit Ahron. La lumière arrive à peine jusqu’au sol et pourtant la végétation est des plus luxuriante.
– Ce ne sont pas des végétaux, mon prince, mais des sortes de champignons et certaines de ces fleurs sont des animaux.
Ahron intrigué s’accroupit au bord de l’eau. Il regarda attentivement autour de lui, tout semblait mort. Une fleur qui flottait sur l’eau l’intrigua, il la prit dans sa main, ces pétales se révélèrent vite être une limace rouge. Il la lacha.
Le garde avait raison. Ce jardin semblait froid et sans vie et pourtant en le regardant de plus près il s’avérait très vivant.
L’Empereur et la Matriarche entourés du cortège de gardes ghuls gravirent la colline où tronait la Porte. Entouré d’une dizaine de scientifiques, celle ci n’avait pas encore subi les sévices du temps. Elle étincelait sous le soleil. Faite d’un alliage connue seul des Métallahiens, la récente construction pyramidale luisait les éblouissant. Ils s’approchèrent saluant les scientifiques. Mapuelo leva ses yeux noisettes vers la cime, là où les trois arêtes métalliques se rejoignaient. Les trois poutres giganstesques paraissaient en bon état.
Un des scientifiques se déplaça vers le centre du triangle puis regarda attentivement dix huit mètres au dessus de lui avant de glisser un oeil sur son appareil de mesure.
L’Empereur Mapuelo regarda le ciel clair, le soleil de Nekkar serait bientôt à son zénith. Les journées avançaient vite sur cette planète. Il plissa les yeux en voyant le scientifique marcher vers eux. L’individu élancé passa une main dans ses cheveux noirs coupés en brosse puis il ajusta les petites lunettes qu’il portait.
« Empereur ! fit-il en faisant une courbette. Je suis heureux de vous voir ici.
– Elret’k quel est donc le problème ?
– Nous n’en avons aucune idée. Moi et mes collègue procédons à diverses mesures mais nous sommes loin d’être qualifié »
Mapuelo connaissait les talents du ghul. Elret’k travaillait depuis la fin de la guerre sur plusieurs projets scientifiques çà et là dans l’univers. Malgré son aversion envers les ghuls, il savait qu’il pouvait lui faire confiance. Il n’était pas interessé par le pouvoir mais seulement par la recherche.
« Mon fils a pensé qu’il faudrait que nos sages viennent examiner la Porte.
– Votre fils a raison, il faut avertir les Sages. Ils ont beaucoup plus expérience en la matière. »
Elret’k s’étonna intérieurement sans rien laisser transparaitre. Faire venir les Sages sur Nekkar ? Il glissa un oeil sur la baignoire de la Matriarche. Elle ne disait mot. L’eau bouillonnait légèrement tandis qu’un léger brouillard s’élevait au dessus d’elle.
« Laisse lui croire qu’il a raison » fit une voix à l’intérieur de lui.
« Turan ?
– Oui confirma la voix dans sa tête.
– Mais que voulez vous faire ? Fit il intérieurement
– Tu comprendras le moment venu »
Elret’k enleva ses lunettes et se frotta les yeux. Ce dialogue par la pensée lui laissait un sentiment étrange. Il s’était senti comme possédé. Elle lisait en chacune des personnes présentes. Silencieusement, les écoutant, elle pouvait connaître par avance leurs paroles. Malgré qu’il fut un ghul il n’avait pas l’habitude d’utiliser ses dons.
Les Sages avec l’Empereur détenaient le pouvoir de Métallah. Gardiens des connaissances de l’empire ils étaient à la fois ministres, conseillers, experts et scientifiques. Douze métallahiens choisis à vie par les empereurs de Métallah, se succédant depuis des siècles, contrebalançant par leur sagesse l’aspect monarchique de cette empire devenu peu à peu démocratique. Ils étaient à l’origine de toutes les dernières réformes transformant l’Empire de Métallah en fédération. Mais que voulait donc faire Turan ?
Le Prince et Xiker s’étaient enfoncés un peu plus dans le jardin, hypnotisés par toutes ces senteurs inconnues. Le prince découvrait un autre monde. Tel un enfant il semblait émerveillé par toutes ces choses qu’il ne connaissait pas, c’était comme s’il renaissait, redécouvrant le monde. Xiker paraissait moins ébloui par la flore de Nekkar, la connaissant peut-être déjà grâce aux livres qu’il avait lu. Mais en réalité, il était inquiet et rongé par l’idée d’être tombé dans un piège qu’il n’avait pas su éviter. L’Empereur était avec les ghuls, non loin de là, leur pouvoir psychique pouvait le convaincre de n’importe quoi, et lui il était là servant de nourrice. Puis il était ballonné, il avait beaucoup trop mangé et cela l’empéchait de réfléchir sereinement. Turan connaissait ses faiblesses, leurs moindres défauts, il n’avait rien vu venir, il avait cru être maitre de ses décisions et en voulant bien faire, en éloignant ce prince bien trop influent et naïf il avait laissé l’Empereur seul.
Il suivait Ahron qui s’enfonçait de plus en plus dans la végétation. Derrière un buisson que venait de franchir le prince, un rayon de soleil envahissait de lumière un plan d’eau entouré d’une végétation moins dense mais néanmoins plus verte.
Le prince Ahron s’approcha. La surface de la mare l’éblouissait, elle semblait plus claire que celle des autres plans d’eau. Il s’assit au bord et plongea sa main dedans.
« Prince! non! Ne touchez cette eau ! cria Xiker
– Elle est chaude. Elle semble délicieuse.
Il en bu une gorgée. Xiker eut envi de l’en empêcher mais il en avait déjà avalé. Ce prince est imprudent pensa-t-il alors, il ne se rend pas compte des dangers qu’il peut courir sur cette planète.
Cette eau était pourtant délicieuse, un peu chaude, mais donc excellente pour s’y baigner.
Il commença à se déshabiller dévoilant son corps adolescent encore imberbe. Il laissa tomber ses habits en tas puis observa la réaction de Xiker.
– Prince, vous n’allez pas vous baigner ici ?
– Mais si ! »
Il plongea ses pieds et commença à avancer puis à nager. Elle brillait sous le soleil éblouissant Xiker. Le chef des gardes avait du mal à suivre des yeux le Prince Ahron. Il saisit les habits du dauphin puis les défroissa avant de les plier avec attention.
« N’allez pas trop loin ! Restez au bord !
– Viens te baigner toi aussi ! L’eau est superbe. »
Xiker se baissa, plongea une main et fit des cercles, puis il prit de l’eau dans ses mains et la bu : c’est vrai, elle était merveilleuse. Mais brusquement il se laissa choir et s’assit, pris d’un vertige soudain, continuant malgré tout à surveiller Ahron.
Celui-ci s’était encore un peu éloigné, il voulait apparemment atteindre le rocher qui se trouvait à deux mètres de lui. Il nagea vers celui-ci tout en se retournant de temps en temps.
« Faites attention ! Je croyais pourtant vous avoir demandé de ne pas aller trop loin ? N’allez pas plus loin que ce rocher, un brouillard commence à se lever au-dessus de l’eau et si cela continue je ne vous verrai plus !
– Oui Xiker ne t’inquiètes pas »
Mais le Prince n’écouta pas et profitant d’un moment d’inattention de son garde, il s’éloigna un peu plus. Le brouillard se faisait de plus en plus épais. Xiker étourdi avait du mal à rester éveillé et ne surveillait plus le Prince. Le chef des gardes avait affreusement chaud, le soleil à son zénith chauffait à son maximum le sol. L’eau était de plus en plus chaude, presque bouillante et le brouillard s’épaississait. Le Prince disparaissait derrière le brouillard qui se levait et envahissait le plan d’eau.
Pendant un bref instant le chef des gardes crut s’endormir tandis que disparaissait le Prince à quelques mètres de lui.
Mais Xiker rassuré entendit finalement Ahron qui nageait vers lui, revenant au bord pour sortir. Le garde, les yeux dans le vide, tentait de rester éveillé.
« Vous avez bien fait, le brouillard est de plus en plus épais, je ne vous voyais plus. Nous ferions mieux de ne pas s’attarder ici »
Le Prince s’était arrêté de nager, Xiker ne l’entendait plus.
« Elle était bonne au moins ? Vous ne voulez pas sortir de ce jardin, je trouve qu’il fait de plus en plus chaud ? »
Xiker sentait Ahron tout près de lui, prêt à sortir de l’eau. Il entendait son souffle mais ne le voyait pas tellement le brouillard était épais. Le garde était épuisé et avait du mal à respirer, étouffant presque.
« Vous ne sortez pas ? »
Il eut pour réponse quelques clapotis comme si le Prince nageait juste au bord. Puis il entendit Ahron sortir de l’eau à quelques mètres.
Il sentit le prince s’approcher derrière lui. Il n’eut ni le temps ni la force de se lever pour voir le prince qui venait de sortir mouillé et complètement nu du plan d’eau, celui-ci se baissa et posa une main humide sur l’épaule de Xiker.
« Arrêtez vous allez me mouiller ! fit Xiker sans se retourner
– Oui, je vais te mouiller, fit alors le Prince d’une voix grave et étrange tout en entourant de ses mains la gorge de Xiker.
– Que faites…
– Je te tue » fit Ahron tout en étranglant son pauvre garde.
Les os du cou de Xiker craquèrent brutalement en se brisant entre les mains du Prince. Ce bruit, ce craquement fut un véritable plaisir pour les oreilles du fils de l’Empereur et pendant un moment il resta là les mains crispées autour de la gorge de Xiker comme de véritables serres.
Puis il traîna le corps de Xiker jusqu’au bord de l’eau et le jeta dans cette espèce de mare. Des milliers de petites animaux se jetèrent sur le cadavre de Xiker. L’eau se mit alors à bouillonner, des milliers de bulles à sa surface puis elle rougit du sang de Xiker. Un parasite ghul nageait près du corps qui n’était plus bon à parasiter.
« Désolé mon frère, tu peux toujours le manger, il fallait être plus rapide ! fit d’une voix enrouée le Prince ou plutôt le parasite qui venait de s’approprier son corps.
– Tu me le paieras, fit alors l’autre parasite par transmission de pensée
– Ne t’avise plus de rentrer dans ma tête ou je te tue comme ce pauvre homme, bouffe le et tais toi ! Estime toi heureux et un jour peut-être ton tour viendra » fit le prince parasité tout en s’habillant.
Puis il s’éloigna du plan d’eau pour sortir de ce sombre jardin. Derrière lui son frère mangeait les restes de Xiker qui flottaient dans cette eau troublée devenu écarlate.
Seule la Matriarche, leur cousine, connaissait l’origine de ces deux frères ghuls descendants d’un Empereur qui avait régné il y a bien longtemps. Trois souverains lui avaient succédé au cours de ces derniers siècles.
Le Ghul eut vite fait de retrouver le chemin du retour grâce au souvenir du Prince qui lui servait d’hôte. Il frappa à la porte qui menait à la sortie de ce jardin. Celle-ci s’ouvrit.
« Où est votre garde ? Demanda le garde de Nekkar au prince.
– En ce moment…? Dans l’estomac d’un bon millier d’animaux
– Bon sang comment cela est-il arrivé ? Comment avez-vous réussi ?
– Mon imbécile d’hôte s’est baigné dans l’eau où je nageais. Ce n’est pas comme pour vous à qui l’on donne des victimes toutes prêtes et même anesthésiées
– Je…
– Je quoi ! fit le prince parasité. Tu vas m’accompagner jusqu’à la Reine ! Immédiatement !
– Mais… »
Le garde fut soudain pris d’un horrible mal de tête comme si celle-ci allait exploser. Puis il entendit une voix intérieure qui ne lui appartenait pas :
« Obéis !
Le prince lui souriait, il continua doucement : Tu veux peut-être mourir ? Puis repris plus fermement: Allez obéis! »