Alliance à l'italienne ?

Alors que je suis plutôt pour (ou disons pas contre par « réalisme » et volonté de construire une opposition) ce type d’alliance qui comme le dit Royal pourrait aller de Bové à Hulot je constate malheureusement que les méthodes et stratégies des uns et des autres sont peu constructives sur la durée alors que tout le monde a en tête l’opposition à Sarkozy et 2012. Une ligne de pensée se construit peu à peu imaginant la possibilité d’une alliance de certaines gauches avec certains centres. Bayrou et Royal (et leurs proches) se lancent dans une course au leadership mais aussi une partie des écolos (autour de Cohn Bendit, Lepage et Yann Wehrling et son dernier acte politique)

Je ne reviendrai pas trop en détail avec ce qui se passe du côté PS et du côté Modem. Nos deux lourdeaux de service, Ségolène et François veulent chacun devenir le nouveau chef de cette coalition fantasmée.
L’un imaginant bien entendu le Modem comme pivot, et donc plutot une alliance Gauches Centres permettant des alliances ponctuelles avec certains à droite et écartant ce qui serait trop à gauche (communistes par exemple)
L’une imaginant bien entendu le PS comme pivot même si certains de ses propos laissent entendre qu’elle pourrait très bien s’en passer. Tentant l’équilibriste à ne pas trop se facher avec la gauche du PS et d’autres gauches…

Mais en réalité dans cette danse amoureuse aucun des deux semble vouloir faire réellement les premiers pas. Et les méthodes sont accablantes. L’une laissant entendre qu’elle aurait proposé à l’autre un poste de premier ministre, l’autre sous entendant que le programme PS ne lui convenait pas et qu’il n’avait pas bien compris que Royal aussi n’aimait pas ce programme…

D’ailleurs pour le moment si l’on regarde du côté d’un éventuel accord programmatique c’est le néant. Ils veulent tous être social démocrate, démocrate, réaliste, responsable… Oui, enfin en attendant on attend toujours où est la ligne politique. Se dire « réaliste » ne suffit pas…

Et c’est alors que dans toutes ces histoires surgissent les écolos. On en trouve de plusieurs types.

Tout d’abord l’ex (?) Cap21 autour de Corinne Lepage qui tente avec plus ou moins de réussite d’écologiser les centristes du Modem.
Ces écolos qui se voulaient « autonomes » ont fini par « fusionner » avec les centristes : certains voyant tout comme leur ami centriste une alliance élargie, d’autres pas. Tantôt plutôt proche de la stratégie Royal, tantôt plus proche de la stratégie Bayrou…
Ils ont tout de même le mérite de mettre un peu de « réalisme » en apportant des propositions interessantes pour le Modem (culturellement la France est très en retard sur l’écologie donc c’est pas plus mal) .

Bien entendu Corinne Lepage et ses amis ne cachent pas leur volonté de créer un pole écologiste plutôt « centriste » c’est à dire pouvant travailler avec le Modem, quelques fois avec la gauche, quelques fois avec la droite pourquoi pas. Un faux retour du ni ni puisque l’allié priviligié reste quand même le Modem, comme le PS a pu l’être avec les Verts.
Un autre but bien entendu est d’attirer des déçus des Verts autour de ce « futur » pôle écologiste. Mais la chose est délicate, puisqu’en réalité ces Verts sont avant tout déçu des alliances avec le PS et s’imaginent qu’ils seront moins déçus avec le Modem. De plus la construction du Modem depuis quelques mois ne se fait pas sans problème : accumulant tout les défauts de ses « militants »… partagé entre vieilles habitudes, souhait de démocratiser en interne ce nouvel avatar et volonté de construire une nouvelle forme pivot d’une coalition.

Vient alors, depuis quelques temps déjà, Cohn Bendit et certains de ses amis, notamment avec cette association crée dernièrement « Horizon Ecologie » .
Je vais donc m’attarder un instant là dessus, puisque certains Verts, notamment Yann Werhling et Yves Cochet, ont pu s’en rapprocher et que le dernier acte politique de Yann n’est pas anodin (mais vient de loin).
M’y attarder car si certaines idées et propos peuvent être interessants et séduisants même, je ne suis pas en accord avec les méthodes proposées, méthodes qui amènent à « partir » d’une coalition priviligié avec le PS pour aller dans une coalition PS-Modem où à coup sur les Verts n’auraient pas plus d’autonomie qu’avant… Pire où les Verts pourraient être amener à se « travestir » pour plaire au PS et au Modem…

Alors que les écolos pourraient être un pivot d’une coalition de ce type, les écolos pourraient être étouffés et extrémement minoritaires et mis en minorités (c’est d’ailleurs ce qui se passe en Italie ou ailleurs dans le monde). C’est le risque. C’est d’ailleurs finalement exactement la même chose plus à gauche quand certains fantasment une coalition dite anti capitaliste. Des écolos minoritaires au milieu du Rose-Orange est tout aussi risqué qu’au milieu d’une coalition « Rouge ».

Afin de me montrer critique je reprendrai point par point certaines parties du texte que l’on retrouve ici : http://horizonsecologie.net

Alors que l’actualité n’a jamais autant soulevé les grandes questions écologiques de ce 21ème siècle,T du changement climatique à l’épuisement des ressources naturelles, des enjeux énergétiques à la solidarité planétaire, de l’initiative de Nicolas Hulot et ses 750.000 signataires au film d’Al Gore, alors que jamais la prise de conscience du peuple français ne semble avoir été aussi importante, les écologistes, à travers leurs leaders et leurs stratégies multiples, n’ont pas su créer d’élan rassembleur, et la candidature des Verts enregistre un score historiquement bas ! Ce qui est posé avec force, c’est bien la question de l’avenir et de l’incarnation de l’écologie politique.

Chacun sait et reconnait qu’une grande partie de la réponse se trouve dans : le vote utile, des problèmes récurrents de communication (que cela soit en interne, en externe, mais aussi des médias eux même) , une certaine « jeunesse » de ces idées face à des « partis implantées » , des institutions ne rendant pas services aux « petits » partis.
C’est ce qui se passe ici ou ailleurs dans le monde, et finalement il n’y a que peu de différences entre ce que font les Verts français et ce que font les autres Verts dans le monde.
Si il convient d’entreprendre des réformes, il ne faut pas non plus interpréter à sa guise certaines réalités afin d’appuyer ses arguments et croire que seules ses solutions sont les bonnes pour résoudre les problèmes que l’écologie affronte.

Nous considérons que l’espoir d’une alternative doit se construire autour d’une coalition réunissant les socio-démocrates, les écologistes et le centre.

Pourquoi inscrire cela dans le texte ? Ceci est tout aussi (voir plus absurde) que de dire « nous nous allierons seulement avec le PS »
Comment définit on socio démocrates, écologistes et centre : qui ? pourquoi ? quel valeur ? et les autres que deviennent ils dans tout ça ?
Selon moi cette coalition élargie n’est que peu élargie puisqu’au centré autour d’un pivot restreint « PS – Modem » + écologistes. En quoi les autres partis en seraient écartés ? Sont ils moins en accord avec nos idées ? Sont ils plus productivistes ?

Si je suis tout à fait « pour » une coalition élargie (considérant que c’est un moyen comme un autre de retourner au pouvoir et considérant que l’écologie pourrait en devenir le pivot principal) , je ne suis pas pour ce type de coalition auto centré qui se coupe de certains « amis ».

On ne peut pas prévoir à avance les évolutions des familles politiques. Nous serions malins si un jour (par exemple) les communistes étaient plus compatibles (après réformes, devenant moins productivistes par exemple) avec nous que ne le sont le PS ou le Modem.
La CGT est parti de loin et pourtant aujourd’hui est bien plus compatible avec les Verts qui purent l’être par le passé.

Nous travaillons régulièrement avec les Alternatifs par exemple, nous pouvons être également amenés à travailler avec d’autres. Si coalition élargie il doit y avoir il ne faut pas oublier qui peuvent être nos meilleurs alliés au sein de cette coalition (des fois au cas par cas suivant les thèmes) : sinon nous nous retrouverons bien seuls face aux sociaux démocrates et au centre…

Bien sur je conçois tout à fait que le Modem puisse être un jour plus compatible avec nous, que ne l’est le PS, ou tout autant du moins…

Mais pour le moment dire « on va prendre le meilleur en en faire un pot pourri » ne constitue en rien un programme cohérent, au minimum seulement une tentative de stratégies pour essayer de ratisser large.

Il ne faut pas confondre en effet la radicalité de la pensée et la radicalité de la posture politique.

Je suis bien entendu d’accord. Mais il convient aussi de ne pas confondre « pseudo réalisme » et courage. Vous comprendrez mon sous entendu : ceux qui refusent de gouverner, étant aussi courageux que ceux qui édulcorent leurs « réalisations-idées » par « réalisme »

– Un mouvement du développement durable, qui prenant acte des réalités actuelles de l’économie et du corps social dans son ensemble, dépasse le modèle productiviste, réforme les indicateurs de richesse, repense la croissance économique, plus économe de son empreinte écologique , en valorisant les enjeux qualitatifs (santé, éducation, environnement, recherche…), la démocratie et les droits de l’homme comme valeurs universelles.

Là dessus complètement d’accord

– Un mouvement capable d’user de son autonomie pour se présenter aux élections sous ses propres couleurs, mais aussi capable de nouer des alliances stables et des compromis constructifs avec les partis de gauche modernisés, les socio-démocrates et les démocrates -sociaux.

Pour établir par avance avec qui les Verts devront s’allier ? Pourquoi seulement les partis de gauche modernisés, les socio démocrates ou les démocrates (et qui se cachent derrière ces appelations ?)
Les alliances doivent se faire sur la base de programme, de valeurs, de possibilités de travailler ensemble.

En conclusion : et si nous essayons plutôt d’être nous même ? De définir clairement ce qu’est déjà l’écologie politique ? (Il suffit pour cela de voir que les Verts sont d’accord sur un programme, et que les Verts mondiaux se rejoignent sur des axes définis…)
Ce sera alors à nos éventuels partenaires à se définir par rapport à nous, et non l’inverse…