Définir l'écologie politique

Petit voyage dans des billets où j’ai tenté de donner une définition à l’écologie politique mais où j’ai également souhaité ouvrir une fenêtre sur l’évolution nécessaire de l’écologie politique.

Revenir sur le passé est toujours interessant. Que cela soit le passé de l’écologie politique ou le passé des Verts. Yves Frémion y revient grâce à des documents sonores mais il convient également de se remémorer l’histoire des Verts et notamment le texte fondateur.

Bien entendu je tiens à préciser qu’il y a de nombreux oublis, que ce ne sont que quelques pistes, et que tout cela n’est que de la matière pour les débats 😉

I) Définir l’Ecologie Politique

D’après 3 vieux articles L’écologie tout simplement , l’écologie politique expliqué par les Verts , initiation à l’écologie politique

D’après Alain Lipietz

l’écologie politique c’est la prise en compte des bons rapports entre les individus, la société et leur territoire. Reprenant à la fois le libéralisme du 18ème siècle qui exaltait la liberté de l’individu et les avancées du socialisme “la liberté des individus ne doit pas primer complètement sur la nécessaire égalité des individus”.

Mais en plus les écologistes soutiennent que cela ne suffit pas. Il faut prendre en compte n bon rapport entre la société et son environnement. Environnement naturel et artificielle création même de la société. Cette société, nous, faisant parti de cette environnement… L’environnement commence donc pas les hommes…

La conscience des limites : deux phénomènes importants. L’un est la prise en compte de la limitation de nos ressources. L’autre est la prise en compte des effets pas toujours bons du progrès technique… Par certains aspects en effet le progrès quand il est mal pensé ou géré peut se retourner contre nous…

Quand des techniques se retournent contre nous : l’exemple de l’amiante est très bon puisque au tout départ l’amiante nous servait pour “éviter” des incendies. C’était un progrès… Mais qui fut cause ensuite de cancer… Un Mal contre un Mal… Soit ces progrès, ces évolutions sont mal pensées, soit nous les utilisons mals, nous les étudions mals, nous exagérons l’usage de ces techniques ? …

Le rappel des limites est ennuyeux : nous savons désormais que l’Europe consomme deux planètes et demie par an
on aboutit à présenter l’écologie et les écologistes comme les emmerdeurs qui disent attention « il y a des limites, il faut se serrer la ceinture ». Et pourtant… Electoralement ce n’est pas facile.. Mais pourtant…

Une vision écologiste de l’autonomie et de la solidarité : Autonomie, solidarité et responsabilité sont les trois valeurs . Ni libéralisme ni socialisme… Mais sans être les deux l’écologie politique en reprend des thèmes et idées… Le libéralisme n’a pas le monopole de la liberté d’entreprendre…

La responsabilité fraternelle des écologistes : Ni le libéralisme ni le socialisme n’ont porté assez l’idée d’une responsabilité fraternelle envers les autres… liberté = autonomie. Egalité = solidarité. Fraternité = responsabilité. Etre responsable de notre impact sur les autres, être solidaire et responsable pour aider les autres, du plus près ou plus lointain…

Pour une économie plurielle : encore une originalité de l’écologie politique. Ni libéralisme, ni socialisme… Les écologistes pensent que l’économie peut être plurielle… Et qu’il n’y a pas de règles économiques : bien au contraire nous avançons en tatonnant au cas par cas, suivant l’évolution des choses… Mais cela va encore plus loin puisque personne n’a jamais parler du fait que les femmes ont réussi (en occident du moins) à briser le patriarcat c’est à dire le travail gratuit des femmes… (je vous conseille de lire le paragraphe en question en entier c’est très interessant et judicieux)

Le premier étage de la civilisation matérielle : rappelons que au départ associationnisme ouvrier qui a donné lieu à une prolifération de formes sociales comme l’association, la coopérative, la mutuelle… n’était pas une émanation de l’etat mais bien de l’initiative des ouvriers… L’etat n’a fait que les récupérer… Et assurer ces rôles
Mais aujourd’hui l’etat recule alors que le cocon familial explose (famille recomposé, monoparentale, éloignement entre parents, grands parents, …). Comment sans tomber dans le traditionnalisme et le conservatisme chrétien prendre en compte cela ?
Est ce à l’Etat de régler les futurs problèmes et surtout comment ? Nos personnes agés, nos malades, … Ne faut il pas reprendre les bons exemples d’initiatives ouvrières et les inciter pour qu’elles soient citoyennes (associations, coopératives…) , sans pour autant en faire un monopole de l’etat ?

De l’initiative privée au capitalisme régulé : là aussi je vous conseille de lire le petit paragraphe sur l’histoire du capitalisme libéral américain… c’est tellement juste et vrai… En résumé oui le marché existera certainement toujours, car à moins de supprimer l’idée de propriété privée, n’importe qui peut inventer ou produire quelquechose et vouloir le vendre. (Ou le donner ou l’échanger : l’argent n’est donc pas le seul problème…). L’idée est donc de réguler cela avec des règles qui soient bonnes !

Le développement soutenable, 3 pilliers :
– Nous : l’économie du quotidien, la famille, les associations, les entraides
– L’Etat via les services publics
– Le Monde du Marché controlé par des règles
Le développement soutenable c’est (selon les écolos et l’ONU) : un modèle de développement qui satisfait aux besoins de la génération présente, à commencer par ceux des plus démunis, sans compromettre la capacité des générations suivantes à satisfaire les leurs

II) Anti Productivisme ? Décroissance ? Responsabilité ?

On n’est pas là pour défendre l’environnement, on est là pour produire du lien social

D’après Julien Lecaille :

Quand nous nous réclamons de l’écologie politique, notre idéologie ne renvoie pas à la défense de l’environnement, mais à une vision antiproductiviste de la société, sur les questions de la production, de la répartition, de la consommation.

Si nous sommes identifiés sur les questions d’environnement, c’est parceque c’est l’environnement qui est le premier témoin, le premier indicateur de la pertinence de nos positions. Nous n’avons pas vocation à cesser de parler d’environnement, ni même de cesser d’en parler beaucoup plus et beaucoup mieux que tous les autres partis, par contre, élargir nos horizons est aussi un objectif.

Mais de quoi parler, quand on est anti-productiviste, si ce n’est d’environnement ?

  • de non-violence (qui est plus que la non-violence physique, qui passe aussi par une hygiène de comportement qu’on appelle parfois écologie mentale)

  • de coopération contre les logiques de compétition

  • de démocratie

  • de capitalisme cognitif, pour l’analyser correctement, notamment dans la manière dont la production se déplace du matériel à l’immatériel, et des nouvelles inégalités que cela engendre.

  • de qualité plutôt que de quantité

  • de biens communs

  • de redéfinition de la richesse

  • de logique de projet plutôt que de conservatisme institutionnel

  • d’immigration, sujet écologique majeur mais non environnemental

  • de l’emploi dans une perspective écologique : comme on le dit chez nous, passer d’une société de plein emploi à une société de pleine activité en dissociant revenu et travail

etc…, etc…

Fondamentalement, on a du boulot à faire pour être reconnus dans tous les champs de l’écologie politique qui ne sont pas de l’environnement de manière évidente. Sans lâcher notre expertise sur l’environnement, on aurait intérêt à être aussi :

  • Experts du lien social, de la qualité et de la complexité des relations entrenus par tous les êtres (êtres humains y compris mais pas seulement)
  • – Experts de la productivité, non seulement pour les bien matériels, mais pour tout le reste : justice, communication, éducation, compréhension, politique. Comment produire, pour qui, pour quoi ? Comment intégrer les gens peu productifs ? Que faire des gains de productivité : réclamer plus de production ou moins de travail ?

Selon Jean Zin il y a 4 Alternatives écologistes: (productivisme durable, productivisme bridé, décroissance, production alternative) avec une mesure phare dans chaque cas : écotaxes, RTT, relocalisaton, revenu garanti.
Les écotaxes étant plutôt l’outil de la droite… et Le revenu garantie l’outil dont il faudrait s’emparer dans le cadre d’une production alternative

Critiquer les 30 Glorieuses !

C’est pendant les « Trente glorieuses » que va s’amplifier l’éloge de la croissance économique. De nombreux auteurs, dont la plupart des économistes, oubliant que les « Trente Glorieuses » succèdent à une des plus grande barbarie de l’histoire humaine, vont faire de la croissance économique la clef du bonheur de l’humanité

Malheureusement à gauche les Verts sont les seuls à réellement remettre en cause le productivisme, la croissance et plus généralement la consommation. Au point d’être attaqué par les autres partis de gauche et accusé d’être des “droitiers” stigmatisant le “pouvoir d’achat”

Julien revient assez bien sur ce problème qu’a la gauche (et ne parlons pas de la droite) pour intégrer l’écologie :

Les questions environnementales ne sont pas un nouveau problème de plus à régler, ce sont les réponses écologiques qui portent des solutions pour l’ensemble des autres problèmes, qu’ils soient sociaux ou économiques.

C’est pour moi un vrai paradoxe. Ils parlent d’environnement, en comprennent les enjeux globaux et les intérêts locaux qui peuvent en découler. Mais leur pratique ne semble pas l’avoir intégré.

L’environnement, intégrée dès le début de la réflexion politique créé l’écologie politique. Eux, ils n’intègrent la question environnementale qu’en fin de parcours de leur réflexion

ex Centre Commercial

On a ainsi un projet très classique de centre commercial mais traité haute qualité environnementale, haute performance énergétique, avec un plan de déplacement, des panneaux solaires, mais “l’objet politique” reste un centre commercial.

Si on y avait intégré dès le début une large réflexion écologique, nous aurions peut être obtenu un grand quartier commerçant, piéton, avec pourquoi pas la possibilité de se faire livrer ce que l’on a acheté, avec des espaces non marchands, des projets d’insertion, des commerces alternatifs ou de jeunes créateurs. Je pense que la rentabilité aurait été sensiblement la même, et pourquoi pas, supérieure vu l’originalité d’un tel projet.

Il suffit de trouver la bonne formule, la bonne méthode, pour que les enjeux environnementaux deviennent une solution évidente à bien d’autres problèmes. Emploi, solidarité, santé… il y a une cohérence dans nos propositions.

Nous nous penchons peut être trop sur nos idées, et peut être pas assez sur les liens qui les réunissent.

Décroissance :

La critique anti-productiviste dont les Verts sont porteurs depuis leur origine implique nécessairement la préconisation d’une décroissance ciblée sur des objectifs concrets.

Par exemple :
- Décroissance des hauts revenus et profits indécents, issus de l’économie financiarisée ;
- de l’exploitation des ressources non renouvelables (stocks) ;
- des gaspillages énergétiques, et en particulier de la production électronucléaire ;
- de la production et de la vente d’armements, de pesticides, etc. ;
- des transports aériens et routiers, du commerce intercontinental.

Cette décroissance sélective, dont les champs d’application devront être déterminés en alliant des critères d’écologie et d’équité sociale (visant la réduction des inégalités tant à l’intérieur des pays qu’entre Nord et Sud), pourrait fournir le mot clé qui parle à l’imaginaire et qui identifie, une bonne fois, l’écologie politique et le parti Vert comme tout autre chose qu’une composante environnementaliste et sociétale « bobo » de la nébuleuse « Gauche »

La vigueur antinomique de l’idée de décroissance, qui impacte de front un imaginaire collectif colonisé à la fois par l’idéologie libérale (« consommez ») et par l’idéologie « progressiste » (l’âge d’or de l’abondance pour tous est au bout des luttes sociales et de la domestication de la nature), sa radicalité, même pondérée et encadrée par des critères de sélectivité et d’équité, déclencherait (nécessairement reprise par un parti ayant pignon sur l’agora), le débat de fond nécessaire au renouvellement du paysage politique français

Le Marché et le Salariat
À la base, un marché, c’est l’organisation de la connexion de l’offre et de la demande, leur circulation (colporteur) partiellement concurrentielle (le marché n’est pas « soumis » mais seulement « exposé à la concurrence » et sait s’en protéger souvent).

Parfois la production et la distribution doivent être assurées par l’État, indispensable pour certains biens et lorsqu’il faut assurer la gratuité, une répartition uniforme ou, au contraire, une compensation. Mais pour le reste on en connaît les limites bureaucratiques, l’inertie, les gâchis, les corruptions, l’impossible planification, la perte d’autonomie.

Si l’on ne peut tout confier au marché (et les entreprises notamment sont organisées hiérarchiquement, pas en marché), on ne peut pas tout confier non plus aux hiérarchies même prétendues démocratiques. En bref, on ne peut absolument pas se passer, ni du marché (débarrassé de son idéologie), ni de l’État

On ne pourra lutter contre la croissance, les pollutions, si on ne se libère pas d’abord de la dépendance salariale des industriels. Aujourd’hui toute atteinte aux intérêts du capitalisme est présentée comme une atteinte aux salariés car le salariat est bien l’autre face du capital. Pourtant il ne suffit pas d’être anti-libéral, ce dont s’accommode fort bien le capitalisme, nous devons être anti-productivistes, c’est-à-dire anti-capitalistes et donc offrir une alternative au salariat.

Le Logement et l’Urbanisme Selon les Verts :

(j’y reviendrai un peu notamment quand je parlerai de Jeudi Noir)

Pour Ma Part, je pense que les Verts (et les Jeunes Verts) ont tout interet à accentuer leur travail médiatique et militant sur le Logement et l’Urbanisme.

Car quand on parle de ce sujet on parle Lotissements, Urbanisme, extension de la ville, services publics et commerces de proximité…

Mais on parle également Transports  (qui doivent être à proximité, pour que les gens puissent se déplacer au boulot…) (piétons, bus, vélo…)

Et également plusieurs autres facettes liés à l’environnement :
Energies (habitats écolos, autosuffisance énergétique, chauffage, …)
Agriculture, Espaces Verts…  : le logement peut grignoter les terres agricoles ou terres encore sauvegardés… la qualité des sols, de l’eau… et bien entendus les espèces animales et végétales…

Bref le Logement permet de façon Populaire, Imagée, et Facilement de parler de la globalité des solutions écologiques : avec les côtés « utopiques » permettant de faire « rever » les gens…
Avec le Logement et l’Urbanisme on parle Social, on parle Economie (relocalisation…) et on parle de Nos solutions Ecolos

Et surtout on parle de la vrai vie des vrais citoyens : le prix du logement, le prix du chauffage, comment se déplacer, comment manger et à quel prix (agriculture bio de proximité) … on parle qualité de l’environnement proche (air, eau… et donc la santé de tous !)

D’autant plus que comme le rappele Yves Fremion Les Provos (hippies politisés en Hollande dans les années 60) furent certainement les premiers écolos dans le monde.  Et que l’un de leur thème centrale était un autre urbanisme.